C’est drôle comme les jours se suivent et ne se ressemblent pas….
En arrivant en Sardaigne, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. J’avoue ne pas avoir regardé le site de l’Office du tourisme, ne pas avoir cherché où trouver des sites touristiques sur le territoire, ne pas m’être demandé à quoi ressemble le paysage… A peine ai-je profité d’être chez Florent pour regarder avec Georgia un semblant de tracé rejoignant la pointe nord à Cagliari tout au sud. Et comme pour tous les voyages précédents, j’improvise la route au jour le jour en fonction des envies et de la forme du moment. Ça réserve parfois quelques galères, je passe certainement à côté de quelques lieux incontournables, mais souvent le chemin vaut le détour.
Après la découverte du nord de l’ile dimanche et lundi, j’arrive en fin de journée à Alghero. La ville est très jolie, je passe une soirée délicieuse à déambuler sous les lampadaires recouverts de tissus rouges en dégustant une glace au chocolat (il n’y avait de sorbet) juste après avoir dégommé une énorme pizza. Un vrai touriste qui déguste ce moment avec plaisir. Je pars donc le lendemain gonflé à bloc le long de la côte.
Après les deux premiers jours en Sardaigne, je pensais retrouver une route de bord de mer assez large, plutôt passante comme la veille. Pas du tout ! Je prends assez vite conscience que je vais m’attaquer à une petite route à flanc de montagne qui surplombe la mer. J’ai comme le pressentiment que ça ne va pas être de tout repos. Un indice ? Quand je regarde où va la route au loin, je dois franchement lever le regard pour l’apercevoir tout la haut. C’est donc parti pour deux heures de grimpette ! L’avantage de monter à 7km/h, c’est qu’on a le temps de profiter du paysage ! Et ça tombe bien, il est splendide. Faut juste essuyer la sueur qui coule dans les yeux pour y voir quelque chose !
Quelques cyclistes me laissent sur place (trop facile avec des vélos de 7kg !), d’autres (des allemands) me demandent de les prendre en photo quand je fais des petites pauses bien méritées.
J’arrive en haut du col pile poil pour la pause pique-nique. J’enjambe quelques barbelés pour me trouver un petit coin sympa à l’ombre avec vue imprenable sur cette mer magnifiquement bleue et je profite pleinement du plaisir d’être là. Un vrai moment de bonheur !

Une descente à fond les ballons, une heure et demie de montée à nouveau puis encore une descente à près de 50km/h. Une journée toboggan ! J’arrive au camping bien cuit.
Quand je reprends la route mardi, je sais que le profil de l’étape du jour ressemble à une journée aux Pays-Bas. Ça va être plat ! Tellement plat qu’on pourrait croire que c’est creux. 250 m de D+ sur 90km, je n’ai plus fait ça depuis la Baie de Somme ! Ça devrait être reposant….
Emporté par mon élan, ou à force d’appuyer sur les pédales pour gravir les plus de 1000 m par jour depuis trois semaines, je m’avale les 90km en moins de 5h. ,(Non mais ça va pas la tête ? on se calme Monsieur Picot ! Il reste encore 110 jours de voyage…. ) Mais pour tout dire, la route est vraiment monotone. De grandes lignes droites très plates, avec un peu trop de voitures à mon goût. Autant que ça passe vite.
Heureusement, les oiseaux ont envahi la lagune, et les colonies de hérons, d’aigrettes et de flamants presque roses sont un régal d’émerveillement.

Après ces deux journées bien physiques, je décide ce matin de prendre mon temps. Une petite étape de 65km devrait me faire du bien. Je fais cependant un petit détour par Mogoro, un petit village (en hauteur ! ) très mignon où des photographes exposent dans différentes rues de la ville, avant de redescendre dans la plaine.
Il y a de nombreux massifs montagneux en Sardaigne, mais les montagnes ne sont pas du tout exploitées, il n’y a pas de routes qui les traversent, encore moins d’habitations, à peine quelques pistes pour les bergers ou les touristes hollandais qui viennent avec leurs gros 4×4. Par contre entre ces montagnes, il y a d’immenses plaines agricoles. Des champs à perte de vue, des routes droites, très droites, et aujourd’hui un vent du sud, très vent et surtout très sud. Et le problème du vent du sud, c’est…. qu’il vient du sud. Et c’est un problème quand vous allez…. au sud !
Cette journée qui devait être plutôt tranquille avec ses 65km de plat devient un parcours de 92km (j’ai dû me tromper quelque part….) dont près de 50km avec le cul des éoliennes en ligne de mire. C’est pire qu’une montée , parce qu’au bout de la ligne droite, il y a une autre ligne droite et pas de descente ni de changement de direction du vent. Pour la journée touristique tranquille, on repassera ! Heureusement que la route est bordée de jolis champs fleuris….
Finalement, trois journées aux profils vraiment différents. Des paysages qui ne sont jamais les mêmes. Trois journées à pédaler très fort quand même, mais bizarrement, trois journées de kiff absolu !
Ce soir, j’ai vu un panneau indiquant Cagliari à moins de 40km. Je dois y être samedi soir. Cool ! Je vais pouvoir faire quelques détours ces trois prochains jours pour découvrir d’autres surprises !
Je vous raconterai….

Chouette chouette tous ces détails !!
Merci de nous emmener avec toi en voyage. J’ai l’impression de respirer, de profiter un peu de cet air marin.
Très touchée aussi par ton appel, merci.
Tu as encore le courage de nous décrire ta journée après tous ces efforts ! Merci de ce beau cadeau qui nous fait voyager sans donner un coup de pédale !