C’est très étrange de me dire ce matin que je ne suis qu’à une cinquantaine de kilomètres du lac d’Ohrid que j’ai quitté il y a plus de trente jours. 50km, après presque 7000, c’est presque rien. Comme l’écrit Holwenn, je referme une boucle. Ce n’est pas un chapitre qui se termine, c’est presque un tome entier de cette histoire. Et c’est ici , en Macédoine du Nord, où je suis depuis deux jours que j’entame le troisième tome, celui du retour à travers les Balkans.
Depuis les Météores, je n’ai pas vraiment programmé mon itinéraire. Je veux être à Skopje la semaine prochaine, cela représente entre 500 et 700 km en fonction des détours et autres découvertes. Mais pour la suite, je n’ai qu’une vague idée du chemin à suivre.
Jusqu’ à la frontière macédonienne et encore au-delà, je roule sur un plateau agricole sans grand intérêt. Pour rompre la monotonie de la route, il y a un peu de relief autour des zones agricoles, une réserve naturelle pleines d’oiseaux inattendus, une nuit dans le garage d’un allemand retraité, des chiens agressifs, un orage passé dans un bistrot, un poste frontière, le choc économique en le passant, des ordures partout autour des villes dans des décharges auxquelles on met le feu pour ne pas être débordés, des chiens encore et encore, toujours autant de plaisir à pédaler, une piscine à débordement dans le camping, des gamins qui me suivent en trottinette électrique, des mines à ciel ouvert avec des machines gigantesques entre deux centrales à charbon, une heure passée avec un macédonien parlant un peu français mais avec un accent belge à couper au couteau, des podcasts sur l’histoire des fascisme ou sur la Bosnie entre 1995 et 2025 (c’est pas très gai mais passionnant !), des panneaux « danger ! Traversée d’ours », une cité antiques avec des mosaïques incroyables…. Bref, je ne m’ennuie pas et j’avale les kilomètres.

Et puis enfin, ça y est, la route reprend du relief, les champs de yabac laissent la place aux arbres, les voitures restent en bas, les déchets disparaissent au fur et à mesure que les villages de disséminent. Et cerise sur le gâteau, il fait moins chaud.
Je fais parfois un petit détour par un monastère, je fais une sieste à l’ombre dans le parc d’une mosquée, je cherche un coin sympa ou une fontaine pour un coin pique-nique.
Vers le 70eme kilomètre, je commence à me demander où je vais dormir. Dans la campagne, ce n’est vraiment pas sexy, dans les hauteurs il faut trouver le bon spot. Je m’arrête dans un bistrot , essaie de trouver un serveur ou un client qui parle anglais (sinon avec Google translate ça marche aussi) pour demander s’il connait un endroit où planter ma tente. Souvent, ça n’est pas très fructueux. Les gens n’imaginent pas qu’on puisse camper comme ça dans la nature ou près d’une église. Les plus jeunes sont plus inventifs. Ils m’envoient vers des endroits susceptibles de convenir sans en être bien sûr.
C’est ainsi, par le plus grand des hasard, que je me retrouve au pied de la grotte de Peschna. Initialement le gars m’envoyait vers un motel le long de la route, mais je voulais voir à quoi ressemblait cette grotte. Et je ne suis pas déçu ! Une immense cavité creusée dans la falaise, un petit torrent qui en sort, une petite baignoire pour profiter de l’eau glacée. Il y a même les ruines d’un petit château et des ados sympas avec qui papoter. La journée été longue pour arriver ici, mais je suis ravi.

Comme le coin est chouette, il y a un peu de passage. Je papote avec trois collégiens (enfin avec le seul qui parle anglais et qui traduit les questions et les réponses à ses potes) en partageant mes biscuits apéro, un petit papi venu nettoyer l’église (il ne me parle qu’en macédonien mais ce n’est pas grave, il est trop chou), trois frères venus se photographier devant la grotte en train de se battre avec des épées de vikings habillés en peau de kangourou (je vous jure que c’est vrai), deux marcheurs venus planter leur tente juste à côté de mienne. Une soirée très éclectique donc !

Après une nuit un peu plus longue que les autres (5h40 !) je me mets en route pour le parc naturel de Mavroso. Il y a deux route possibles, je ne choisis pas celle qui propose 2400m de D+ en 80km. J’aurais peut-être dû, parce que celle que j’ai choisie est très (trop) fréquentée par les voitures. Ça monte pendant 50km avec beaucoup trop de trafic et peu d’endroits pour se poser. Mais une fois arrivé au lac au milieu du parc, la vue est belle. Et pour la nuit, ce sera une chambre avec un vrai lit, je l’ai bien mérité !
Demain, encore un peu de D+. J’ai très envie de voir à quoi ressemble ce canyon un peu à l’est qui se trouve sur la route pour Skopje. On verra bien !
En attendant, je vous embrasse.