Quand on entre dans l’exposition « Miroir(s) » de Bernadette Gruson, on se sent vite chez soi. Des fauteuils sont installés ici et là, face à une coiffeuse et son miroir. Une petite lampe donne un aspect douillet au tout et nous sommes irrémédiablement pris par l’envie de nous y installer.
On place le casque audio mis à disposition et lorsqu’on enclenche le dispositif, notre reflet dans le miroir s’estompe pour faire apparaître par rétroéclairage une œuvre d’art. Apparaissent alors des corps. Nus. Et dans le casque, un montage sonore et les réactions spontanées de celles et ceux qui ont été interviewé.e.s face à la découverte de ces corps peints ou sculptés. Loin des études de l’Art académiques, ou des audioguides des musées, ces témoignages guident notre regard et nous mettent face à ce que provoque la vision de corps dénudés.
Lorsque j’ai découvert ce travail de Bernadette Gruson, je me souviens avoir été complètement happé par les réactions des personnes face à ces œuvres de Manet, Courbet ou Botero pour les plus célèbres. Je me suis mis à regarder différemment ces tableaux au fur et à mesure des commentaires. Mon regard sur les corps exposés, sur leur nudité, sur les canons de beauté s’est déplacé. Et par le jeu des miroirs, voir mon corps se mêler à ceux des œuvres, faisait disparaître la frontière entre l’imaginaire du tableau et la réalité.

Je me rappelle qu’en sortant de cette exposition, ému et bousculé, je me suis surpris à penser que l’on pourrait envisager notre rapport au corps différemment, sans projeter, sans juger. Je me suis mis à imaginer qu’il était possible de déplacer notre regard sur les canons de beauté et peut-être (c’est un doux rêves) diminuer les injonctions à la norme qui nous est constamment rabâchée et peut-être faire disparaître les violences qu’elles engendrent.
Pour plus d’infos: Zaoum | Miroirs (ciezaoum.fr)