Hello
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais le petit point rouge de Polarstep n’a pas beaucoup bougé aujourd’hui.
J’ai failli vous annoncer la fin de mon voyage.
Une chute? Non? Une blessure ? Non plus. Une casse mécanique ? Toujours pas. Le mal du pays? Certainement pas! Non, deux dents !
Ça a commencé déjà hier soir. Je vous raconte.
Après vous avoir écrit hier soir, je me fais attaquer sauvagement par des hordes de moustiques assoiffés de sang qui n’hésitent pas à transpercer les trois couches de tissus dont mon Damart (et ben oui j’ai acheté un Damart! Et je le porte fièrement ce soir pour la première fois parce que ça caille!).
Me voilà donc en train de manger dans la tente pour échapper à la nuée vrombissante. Ça tombe bien il se met à pleuvoir…. M…! Mon linge qui sèche ! Je ressors et en moins d’une minute, je suis trempé. La pluie fait un vacarme du diable sur la toile. Mais je suis au sec et la tente est étanche.
La nuit n’est pas tranquille. La pluie tombe en alternance et surtout j’ai le côté gauche de la mâchoire qui palpite et dès que j’ai les dents qui se touchent, c’est insupportable. Pas de doute: y a un problème !
Au réveil, il ne pleut plus, tout est trempé, mais surtout je file à l’accueil demander de l’aide pour trouver un dentiste. Coup de chance, il y a un créneau libre à 18h. Ce sera donc journée de repos.
Je passe donc la matinée à ne rien faire. Enfin si, je traite des petits trucs pour le boulot, je regarde les possibilités d’itinéraires pour les prochains jours, je lis vos messages, je regarde les polarsteps de tous ces voyageurs que j’adore….
Je finis par quitter mon fauteuil pour aller me balader sur la plage. Le camping est juste derrière la dune. On se croirait à Zuydcoote (allez voir où ça se trouve les franciliens, vous verrez c’est magnifique !).. Il y a énormément de vent, la mer est gris vert et les nuages oscillent entre gris-gris et gris-noir.
J’arrive à Costa Nova. Un petit village très mignon avec ses maisons aux colombages multicolores. C’est là que je mange du Bacalao.
Je rentre juste à temps pour ne pas prendre la pluie. Et me réfugie sous la tente qui reste encore étanche.
Quand je sors pour mon rendez-vous, la pluie a cessé. Le temps de parcourir les 5km, elle change d’avis et décide de se transformer en énorme averse. J’enfile mes vêtements de pluie au bord de la grand route. Trop tard je suis trempé.
J’arrive dégoulinant au cabinet dentaire.
Le temps d’attendre mon tour, il y a une énorme flaque à mes pieds. Je ne la vois pas immédiatement, trop absorbé que je suis par l’écran qui vente les infiltrations de botox ou chirurgies du menton que pratique cette clinique dentaire. Je m’inquiète….
Une dentiste vient me chercher. Nous communiquons en anglais. Je lui raconte mes soucis, elle m’ausculte, fait une radio, prend du temps pour l’analyser, demande conseil à son collègue et me dit que j’ai une dent couronnée dont une racine est fracturée. Il faut l’extraire d’urgence pour ne pas qu’elle s’infecte. Le problème d’une extraction, c’est que c’est repos obligatoire et donc pas de vélo. J’avoue que je ne le prends pas très bien….
Elle m’ausculte à nouveau et se rend compte que la dent fracturée n’est pas celle qui me fait souffrir.
On refait des radios, elle redemande conseil à son collègue, m’explique que ce n’est pas clair et qu’il faut faire une IRM, une tomographie.
Je fais donc cette radio panoramique en 3D, j’assiste aux discussions entre les deux dentistes. Et après un long moment la dentiste m’explique que j’ai deux molaires couronnées dont les racines sont fracturées et infectées. Qu’il va falloir les retirer et mettre des implants.
Ayant bien compris que je ne suis que de passage, la dentiste me propose de me donner des anti-inflammatoires, des antibiotiques et de tailler un peu les couronnes pour éviter que mes dents se touchent et me fassent souffrir.
Elle me fait cependant promette de veiller à ce que ça ne s’aggrave pas et si c’était le cas de rentrer en urgence en France.
Youpi!
D’après elle, les racines se sont fracturées parce que j’ai serré trop fort les mâchoires dans l’effort. C’est dingue, non? Elle m’explique qu’il faudra que je pense à mettre une gouttière ou un protège-dents quand je pédale….
J’ai passé une heure et demi passée avec des gens super sympas dans une ambiance finalement rigolote. Les assistantes n’en revenaient pas que je sois à vélo, je passe payer ma note. Avec tous ces examens, j’en ai eu pour….
Allez, je lance un grand jeu concours: celui ou celle d’entre vous qui sera le ou la plus près recevra mes deux dents montées en pendentif lorsque je les aurai faites arracher
Je rentre sous des bourrasques de pluie.
En arrivant au camping, je demande l’autorisation au propriétaire si je peux manger dans la salle polyvalente. Il accepte. Et accepte même que j’y dorme ce soir.
Je vous écris donc ce soir depuis mon lit, coincé entre deux tables de billard, un flipper et une borne d’arcade, mais au sec. Je viens cependant de devoir courir après ma tente sous la pluie après qu’une bourrasque l’ait faite s’envoler (je l’avais mise sous les arches de l’accueil pour qu’elle sèche)
Si demain tout va bien je serai à Porto.
S’il fait le même temps que cet aprem, ce sera en train.
D’ici là, il m’arrive
ra peut-être d’autres aventures….
Je vous embrasse.