Vous avez compris: même quand je pense qu’une journée n’aura aucun intérêt pour une newsletters, je finis toujours par vivre des petites péripéties…..

 

Ce matin je me lève après une nuit agitée. Une arrivée tardive de l’occupant du lit 4, le départ à 3h de celui du lit 2, puis le lit 1 à 5h et enfin le lit 3 qui ronfle. Sans parler de l’occupant du lit 5 qui, à 1h30, fait tomber ses lunettes et son téléphone sur l’occupant du lit 4 en dessous de lui. Je vous laisse deviner le numéro de mon lit…..

 

Pendant le petit déjeuner, je découvre grâce à la télé allumée sur une chaîne d’info que nous sommes le « jour de Star War ».

Alors je savais que le 4 mai avaient eu lieu la révolte de Pékin, j’ai compris avec l’image diffusée que c’était l’arrivée de Thatcher le 4 mai1979, je sais aussi qu’on n’est pas loin de l’anniversaire de Nathan, mais pour Star War, je ne connaissais pas.

 

Alors pour comprendre, il faut:

1) savoir donner la date en anglais 

2) avoir vu Star War

3) avoir vu Star War mais en VO

Parce que sinon la phrase  » Que le 4 mai soit avec toi » n’a aucun sens! 

Je vous laisse chercher la ref….

Bref 3 minutes d’antennes ce matin et douze lignes de cette newsletter pour ça !

 

Je monte sur mon vélo vers 8h pour être sûr d’être à l’heure pour le bus qui doit m’emmener à San Sébastien à 9h. On n’est jamais trop prudent!

 

Ce n’est pas un vélo que j’aurais dû, mais un pédalo, un radeau, un sous-marin. Il s’abat un déluge, avec vent, bourrasques, et surtout beaucoup d’eau. En trois minutes, l’eau s’est insinuée sous mes vêtements de pluie, mes chaussures (pas sèches de la veille) se remplissent d’eau par en-dessous. Un régal !

 

J’ arrive à la gare routière en même temps qu’un couple et un gamin à vélo aussi, mais avec une chariotte. Ils sont dans le même état que moi.

 

Le temps de s’essorer et le car arrive. J’entends le chauffeur et le papa cycliste s’embrouiller. Le chauffeur refuse d’embarquer la charette même démontée dans les cales du bus. Et il braille en montrant mon vélo. Une dame me dit qu’il faut que je démonte la roue avant de mon bolide. Chiasse! Quand je pense que j’ai pris le bus pour ne pas avoir à démonter ma bicyclette…..

 

Je m’exécute et patiente. La dispute n’est pas terminée. Je m’inquiète un peu pour mon sort, demande à la personne qui vérifie les tickets si c’est ok pour mon vélo. Elle me répond que non, il faut que je le mette dans une housse. Aïe !

 

De bonne foi, j’explique en anglais que lorsque j’ai payé mon emplacement vélo, ce n’était pas indiqué, elle me répond en espagnol que ça l’est. Compte-tenu de mon niveau d’espagnol, je la crois.

 

Et donc? On fait comment ?

La dame m’explique qu’elle a des housses. Ah!!

A 50 €!!!! Euh …..

Quelle autre alternative ai-je ? Aucune. Donc…. Ok.

– Carte ou cash?   

– Cash!

– ah non, j’ai pas. 

– bon ben tiens alors je te la donne (en espagnol).

 

Je ne sais pas vous, mais moi, ça me scotche ! J’ai comme l’impression que j’ai failli me faire arnaquer de 50 balles par une meuf qui voulait arrondir ses fins de mois. A moins qu’elle m’ait trouvé sympa, ou qu’elle avait peur de mettre en retard le car. Je vous laisse décider …

 

Nous partons à l’heure. La famille cycliste n’a pas eu l’autorisation de monter à bord. Peut-être qu’avec 50€ en liquide ça passait ….

 

Je m’assois à ma place, juste à côté de la dame avec qui j’ai papoté en démontant ma roue. Pascale, 68 ans, de retour du chemin de Saint-Jacques. Trop chouette cette rencontre ! On a parlé du plaisir du voyage itinérant, de l’accueil des migrants (elle était travailleuse sociale pour une structure d’alphabétisation et d’aide aux migrants à Toulouse), de système capitaliste déconnant…. 

 

La route est passée plus vite. Avec deux siestes, un film avec Karine Viard (oui, il y a la télé dans les cars, comme dans l’avion), une conversation avec notre voisin, un jeune guinéen qui rejoint son frère à Bordeaux et qui est tout heureux que celui-ci lui ait trouvé un boulot là-bas. Nous n’avons pas évoqué la loi immigration concoctée par notre cher gouvernement et lui avons souhaité tous nos voeux de réussite.

 

J’arrive à San Sébastien vers 21h, je remonte mon vélo, demande à l’accueil s’ils veulent récupérer la housse (rien à cirer !) et me dirige vers mon auberge de jeunesse.

Ce qui me frappe en sortant du parking, c’est la douceur de la température. Il fait encore chaud à 21h30. Les rues sont donc bondées et les terrasses pleines. Rien à voir avec hier et les rues vides de Saint Jacques malgré le record d’affluence de pèlerins ce 2 mai (plus de 4000 personnes sont arrivées hier en ville. Oui oui, 4 milliers, ou 400 dizaines ou 40 centaines ou même 39 centaines et 10 dizaines….). L’arrivée à Compostelle, c’est plus de 500 000 pèlerins à l’année. Pascale et d’autres sont unanimes, quand sur 200m tu comptes 300 personnes devant toi, ça gâche un peu le plaisir du voyage.

 

Voilà, je vous avez prévenu.e.s, pour une journée où il ne devait pas se passer grand chose, j’avais des trucs à vous raconter (c’est comme en classe, je tiens longtemps sur pas grand chose !).

 

Demain je traverse la frontière à bicyclette !

D’ici là, je vous embrasse.

 

 

PS: juste comme ça, pour vous faire rire, le réceptionniste m’avait affecté dans la mauvaise chambre. Il m’a donné le lit de Paco! J’ai donc déménagé…..

 

 

 

Hello hello

Je n’en reviens pas d’avoir échappé à la pluie toute la journée !

Je vous raconte…..

 

Ce matin j’ai été réveillé une fois de plus par des ronflements dans ma chambre d’hôtel. Les miens! Incroyable ! J’ai réussi à me gêner moi-même !

Il était quand même 8h, soit plus de 10h de sommeil. On dirait que j’en avais besoin….

 

Je prends le petit dej à l’hôtel et me mets en route vers 10h après avoir établi un plan d’attaque avec Caro pour préparer la visio que nous avons à 11h30 (il faut bien que je fasse croire que j’ai un métier de temps en temps). Je mets quand même une alarme pour ne pas oublier de m’arrêter dans un coin avec du réseau.

 

Je ne sais absolument pas où je vais aujourd’hui. D’habitude j’ai une vague idée de l’endroit où je vais finir par m’arrêter, mais aujourd’hui, rien!

Je suis à une soixantaine de kilomètres de Saint-Jacques si j’y vais en ligne droite. Et j’ai deux jours devant moi. Je décide donc de suivre la côte et de me laisser faire. C’est très agréable comme sensation.

 

Une petite pause d’une heure dans une boulangerie pour faire cette fameuse visio aussi inutile que surréaliste mais qui a au moins le mérite de voir Caro par écran interposé et qu’on puisse rire (jaune) ensemble à la fin de cette réunion.

 

Je remonte sur mon vélo et prends donc plus ou moins le bord de mer comme repère pour décider de ma route.

 

Je ne sais pas si vous avez regardé la carte ou polarstep, mais depuis Vigo, la côte est très découpée. En fait ce sont des bras de mer. Il y a le Rio de Vigo, le Rio de Pontevedra et le Rio de Arousa…. Et dans cette baie immense, il y a des îles, des presqu’îles, des ponts, des isthmes (je m’étais juré de le placer! Et j’imagine Nathan taper sur son téléphone pour vérifier la définition ! Et peut-être pas que Nathan d’ailleurs….). 

Ce qui est rigolo, c’est que quel que soit la direction suivie, il y a de l’eau en face. Et la terre que l’on aperçoit à 3 ou 4 kilomètres, il va falloir ou a fallu plus de 20 bornes pour l’atteindre.

 

Et tout ce paysage défile depuis une petite route qui tantôt longe le bord de mer, tantôt sillonne les vignes. C’est même la route du vin Rias Baixas. Mes connaissances oenologiques s’arrête au panneau indicateur. Mais ce qui est remarquable c’est que les vignes poussent en hauteur avec les ceps attachés à des poteaux de granit. Ça forme des pergolas grandes comme des terrains de foot avec un poteau de granit tous les 3 ou 4 mètres. C’est vraiment atypique! Et c’est peut-être ce qui fait de ce vin qu’il est à la fois enjoué et capiteux, racé sans pourtant être agressif, avec son corps racé, loyal et charpenté sans être astringent ni madérisé. Ne parlons pas de ses arômes fruités qui laisse remonter des effluves de cerise et des touches boisées….

 

Tout au long de la balade, je guette les nuages. De vrais gros nuages bien noirs qui se déversent sur les hauteurs alentour. Avec le vent de dingue qui me souffle globalement dans le dos (une première depuis deux semaines), non seulement je trace, mais je vais plus vite que la pluie qui arrive. Enfin pas vraiment, puisque vers 18h, une première goutte tombe. 

 

Elle tombe exactement au moment où j’arrive à un camping (je sais, j’ai le cul bordé de nouilles !). Je demande au proprio s’il a des logements à louer. Il me propose un bungalow à 50€. C’est trop cher. Je lui demande si je peux m’installer dans la salle polyvalente. Il accepte pour 15€50. Nickel !

 

Trois minutes plus tard, un déluge s’abat sur le camping. De l’eau, du vent, des trombes d’eau. On ne voit plus rien du bras de mer, juste un rideau de pluie.

Quand je vous dis que j’ai du cul!

 

Je regarde donc cette pluie s’abattre installé dans le canapé de la salle polyvalente avec son babyfoot et sa télé et en sirotant un Coca Cola dont la structure est sucrée et qui laisse en bouche un goût sucré avec des touches de sucre et des arômes de sucre.

 

Une fois la tempête calmée, je peux accéder à la douche puis sortir à l’auberge du coin pour me goinfrer d’une tortilla de patatas. Un régal après être journée bien chargée cyclistement parlant.

 

Demain c’est déjà le dernier jour (enfin presque, il restera une étape entre San Sébastien et Bayonne). Je pense arriver tôt à Saint Jacques et prendre le temps de jouer le touriste.

 

J’espère que vous allez bien et profitez pleinement de vos dernières journées de vacances pour les nordistes et de votre stage massé pour mes stagiaires préféré.e.s

 

Je vous embrasse.