Allez, à vos bicyclettes ! Aujourd’hui je vous emmène chez l’urologue !
Ben oui, pourquoi pas ? J’ai 51 ans, ma prostate, bien que restant encore énigmatique, me laisse tranquille, mais il est peut-être temps de penser à ma contraception, non ?
J’ai deux magnifiques enfants qui sont en âge de faire les leurs si le cœur leur en dit, mais moi c’est fini ! Et comme ça fait plus de trente ans que je compte la plupart du temps sur mes amoureuses pour ne pas participer au réarmement démographique de la France, je me suis dit qu’il était temps que je prenne ça en charge. Et donc direction le cabinet d’urologie la tête dans le guidon.
Mon urologue est UNE urologue. Je le relève ici, mais dans mon choix, le genre du ou de la spécialiste n’a pas été un critère. C’est juste que je cherchais une plage libre pour mon rendez-vous dans un délai de moins de trois mois.
Lorsque j’entends l’urologue appeler la personne avant moi, j’imagine une femme jeune, directe et peut-être un peu autoritaire. Lorsque vient mon tour, ça se confirme.
« Bonjour, que puis-je pour vous ?
– Euh … je viens pour envisager une vasectomie.
– Vous vous êtes renseigné j’imagine.
– Euh oui, mais je veux bien en parler un peu avec vous.
– Et bien lisez ceci, tout est dans ce dossier.
– On peut en parler ensemble plutôt ?
– Que voulez-vous savoir exactement ?
– …..

Alors oui, je me suis renseigné : c’est pour ne plus avoir d’enfant, c’est une intervention externe, c’est définitif, il n’y a pas de problème d’érection après, il y a un délai de 4 mois de rétractation….
Quatre mois ! C’est dingue, non ? C’est le temps de rétractation médicale le plus long en France. Une conséquence de la politique nataliste après-guerre à ce que j’ai lu. C’est presque neuf fois plus que les 14 jours d’un crédit à la consommation qui nous engage pour dix ans !

L’urologue ne me demande pas ce qui a déclenché ma décision. J’aurais pu lui dire que j’ai toujours pensé à la contraception de mes amoureuses. Alors, oui, pas au point de mettre une alarme pour la prise de pilules, j’en ai bien conscience. Mais j’ai toujours demandé à mes partenaires leur type de contraception et utilisé si besoin des préservatifs ou « fait attention » avec leur accord et surtout leur confiance. Et pour l’avoir vécu, je sais qu’un « accident » n’est pas une partie de plaisir médical et cela m’a fait suffisamment culpabiliser (pour abus de confiance de ma part et inquiétude médicale et psychologique pour mon amoureuse) pour que ça ne se reproduise plus.
J’aurais pu aussi lui dire que les tests de slips chauffants par mes potes de moins de trente ans et leurs retours m’ont moyennement emballé. Sans parler de la prise d’hormones pour laquelle je trouvais déjà ça pas terrible pour les filles. J’aurais pu lui dire tout ça si elle me l’avait demandé et je pensais même qu’on aurait pu éviter les 4 mois de rétractation. Bref !
– Et sinon, la banque de sperme a besoin de réserve ? Parce que, bien que n’ayant jamais pensé à être donateur, c’est le moment ou jamais, après ce sera trop tard !
Et bien vous savez quoi ? L’urologue n’en sait fichtre rien ! Elle appelle sa collègue pour se renseigner en insistant sur le fait que l’anonymat des donateurs sera levé (Franchement, ce n’est pas ça qui m’inquiète !) mais ma question reste sans réponse.
– « Bien ! Déshabillez-vous, allongez-vous »
Gants, vaseline, toucher rectal, palpation des testicules, pas un mot, pas une explication,…. Montre en main 52 secondes !
J’ai toujours été étonné d’entendre mes amis hommes parler de toucher rectal, de coloscopie ou d’opération d’hémorroïdes comme un truc honteux (ben oui, un hétéro ne se fait pas pénétrer). Que ce ne soit pas agréable je comprends, mais honteux non. Et donc je me suis installé sur la table d’auscultation sans crainte. Mais quand même ! 52 secondes ! Et pas un mot, je m’attendais à un peu plus de …. pédagogie.
Je me rhabille sans connaître le verdict autour de ma prostate. Compte tenu de la légèreté du dialogue qui s’est instauré entre la médecin et moi, je laisse finalement tomber mes questions sur le plaisir prostatique que j’avais pensé un moment aborder avec elle. Elle me donne huit pages à lire, m’explique que sa secrétaire va m’établir un devis (un devis ??) pour l’intervention et m’envoie vers elle après un « Au revoir » aussi rêche que son « Bonjour ».
La secrétaire me prend en charge et dans un petit rire me dit « Ah ben, vous êtes sûr de vouloir dépenser 500 euros pour ça ? ». Cette phrase déclenche en moi deux interrogations et je dois l’avouer, dans cet ordre : 500 euros ? Ben oui pourquoi ? Je réponds d’abord à la deuxième. J’ai plus de 50 ans, je ne veux plus d’enfants, on arrête les conneries ! Et même que j’aurais pu m’y prendre plus tôt ! Bon et pour le prix, ben à raison d’une plaquette de pilules par mois, ça doit bien faire ça, non ? Quand même, ça pose question ce prix, non ? C’est quoi l’idée ? Que ce soit dissuasif ? Que ce soit réservé aux riches ? Et la sécu me direz-vous ? 60 euros. On est large !
C’est à ce moment-là que s’instaure une conversation entre la secrétaire quarantenaire et sa collègue de 25 ans. La première ne comprend pas ma démarche, parce qu’au prix de sa pilule (remboursée) la vasectomie est bien trop chère, alors que l’autre estime qu’il est temps que les garçons prennent conscience du coût et de la charge mentale de la contraception.
Je les laisse continuer le débat sans moi…

Quant à moi, en rentrant chez moi, j’ai très envie de vous parler de cette expérience. Parce que si les hommes surmontaient leur tabou du toucher rectal et passaient davantage ce type d’examen, ils détecteraient alors leur cancer de la prostate avant qu’il ne soit trop grave.
Peut-être aussi que l’on parlerait davantage de violences gynécologiques….
« Un délai de réflexion de quatre mois est imposé après la consultation médicale. L’homme souhaitant se faire opérer doit ensuite confirmer sa volonté par écrit. » Source : https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/maladie-urinaire/vasectomie-inconvenients-effets
Il n’y a aucun délai de réflexion pour une hystérectomie et aucun besoin de confirmation par écrit. Source :
https://www.elsan.care/fr/pathologie-et-traitement/maladies-gynecologiques/hysterectomie-definition-traitements
Les organes masculins sont mieux protégés, mieux considérés que ceux féminins …