A la fin du XIXème et au début du XXème siècle, les hommes voyagent (enfin, ceux qui ont les moyens de le faire) et les femmes restent au foyer. Elles marchent, certes, mais pour aller en ville, rentrer le bétail, aller au puits…

Quelques-une (privilégiées) ont parcouru les routes. Mais leurs écrits sont restés invisibilisés, leurs histoires oubliées.

Annabel Abbs a suivi les traces de Virginia Woolf, puis celles d’autres femmes dont elle a repris le parcours pour évoquer les expériences de ces marcheuses. Elles étaient peintresses, philosophes, artistes et ont souhaité transgresser leur statut de femmes bourgeoises assignées à résidence pour enfiler leurs tenues de voyage.

L’autrice emprunte les chemins de Frieda Von Richthofen qui a quitté son mari pour suivre D.H. Lawrence à travers les Alpes, ceux de Gwen John le long de la Garonne, mais ceux aussi de Simone de Beavoir, la poétesse Nan Sheperd ou Georgia O’Keeffe. Elle arpente leurs routes en nous dévoilant leurs émotions,  leur désir d’indépendance. Elle nous montre comment, en marchant ces femmes ont pu s’affranchir de leurs peurs sans pourtant ne jamais baisser la garde contrairement à leurs homologues masculins.

En donnant voix à ces marcheuses, Annabel Abbs montre comme le besoin d’indépendance et de libération est une réelle aspiration pour  toutes les femmes d’hier et d’aujourd’hui.

Peut-être qu’au lieu de nous méfier de ces femmes qui marchent, pourrions-nous juste les en croire capables, les autoriser à le faire et d’une certainement façon les admirer de revendiquer ce droit.