Après deux jours de plat, les choses intéressantes commencent : quelques montées à 5% de moyenne pendant plus de 45 minutes. Ça pique !

Mardi, après 80 km, il me reste encore 1km de montée, je ne sais toujours pas où je dors et les nuages sont vraiment menaçants. Je n’ai plus d’eau non plus. Une voiture se gare devant chez elle, une très belle bâtisse en pierre rénovée, je m’arrête pour demander de l’eau et éventuellement un hébergement pour la nuit.

Patrick, 75 ans, patron à la retraite d’une entreprise de transport, moustachu, chaîne en or, tee-shirt noir sans manche AC/DC, descend de son 4×4 et m’offre immédiatement de remplir mes gourdes au robinet de la cour. « Mais où vous allez comme ça ? », « Ah mais dites donc, vous êtes chargé ! », « Tout seul ? »,… et le « Et vous dormez où le soir » que j’attendais impatiemment.

« Ben justement, ce soir je ne sais pas encore, je cherche quelqu’un qui pourrait m’héberger pour la nuit

– Ah mais j’ai une copine qui a une roulotte (elle a appartenu aux Gipsy King !) au fond de son jardin ! Ça vous irait ?

– Bien sûr !

– Si je l’appelle, elle ne répondra pas. Laissez votre vélo là, je vous emmène.

Petit tour en 4×4 (pour redescendre ce que je viens de mettre plus d’une demi-heure à monter) pour arriver chez Lola et Jean-Claude. Patrick frappe au carreau. Pas de réponse…

– Ils doivent en train de faire des cochonneries ! Ah ah ah

Jean-Claude, 75 ans, pas de moustaches ni de tee-shirt sans manches, mais charentaises et chemise de bucheron, ouvre après deux minutes.

– Ben alors ? On faisait des galipettes ?

– Oh ben si c’était le cas, je ne t’aurais pas ouvert….

– Ah ah ah, vieux Brigand !(ou Saligot , je ne sais plus…).

Finalement Jean-Claude me propose une nuit à 80€ et un repas à 23. Forcément je décline la proposition. Quand je lui demande si je peux planter ma tente dans le jardin, il m’explique que ce n’est pas possible, qu’il aurait pu me proposer le terrain du voisin, mais comme c’est devenu un élevage de cochons d’Inde…. Je ne cherche même pas à en savoir plus sur cet élevage !

– Et sinon, il y a le club échangiste ! Ah ah ah !

– M’en parle pas ! J’ai fait un post Facebook la semaine dernière : « le seul endroit où on peut venir boire un verre avec sa chèvre ! Ils n’ont pas aimé ! »

– Ah ah ah ah

Je ne cherche pas à savoir non plus….

Je remonte donc dans le 4×4 de Patrick, nous refaisons l’ascension avec l’alarme de la ceinture qui, comme à l’aller, bipe tout le long. A chaque maison que nous croisons Patrick me dit que ces personnes seraient susceptibles de m’accueillir mais qu’elles sont absentes….

Je reprends mon vélo, finalement rassuré que Patrick, ravi d’avoir passé cette demi-heure avec moi, ne m’ait pas proposé de rester chez lui. Ce sera donc une nuit à Saint Eloy les mines, sur un ancien carreau de fosse au pied d’un chevalet désaffecté, dans un petit hôtel qui me permettra de ne pas passer la nuit sous la flotte imminente, et surtout loin de ces conversations de vieux mecs mascu à la retraite qui s’emmerdent un peu…