Ah mais quelle journée ! Je ne peux pas faire autrement que de vous la raconter !

Ça a commencé hier soir en arrivant à Moustiers Sainte Marie, près du lac de Sainte Croix.

A peine ma tente montée (première fois du voyage), je mets mes godasses de marche et pars en direction du village.

Moustiers est perché au pied d’une falaise coupée en deux par le Riou, avec sa fameuse étoile accrochée entre les deux pics (elle est même éclairée par un projecteur la nuit !).

La dernière fois que je suis venu, j’avais une vingtaine d’années et des cheveux. Et j’ai très envie de grimper tout là-haut et remonter le Riou qui est à sec pratiquement toute l’année. J’escalade donc le sentier qui gravit la montagne qui surplombe le village. Ça me change du vélo, mais j’ai quand même les cuisses qui brûlent. Arrivé en haut, je descends dans le lit du torrent (à sec donc) en descendant un peu n’importe comment à travers les arbres et en m’accrochant aux branches.

Je me retrouve donc dans un canyon, mais sans eau. Des vasques, des toboggans, et aussi des énormes rochers verticaux qui créeraient des chutes d’eau s’il y avait de l’eau. Mais du coup, il faut réussir à descendre tout ça sans se péter une cheville ! J’escalade, je glisse, je m’agrippe à tout ce que je peux,… J’avoue que ce n’était pas très malin….. Mais c’était super ! Je me suis amusé comme un petit fou.

Après une nuit d’orage bien fraiche, un réveil (très ) matinal, un lever de soleil incroyable et un remballage de tente trempée en pataugeant dans la glaise qui colle, je me mets en selle vers 8h.

Le lac de Sainte Croix est magnifique vu depuis le pont de Galetas à la sortie des gorges. Pour une fois le Verdon n’est pas bleu turquoise, mais franchement marron. Le même marron que la boue qui colle à mes chaussures ce matin. Mais l’entrée (enfin la sortie !) des gorges est magnifique.

La balade commence doucement, à hauteur du lac. Tout là-haut un village perché. Je suis content de le laisser sur ma gauche. Jusqu’à ce que la route tourne….à gauche !

 Ah oui ! Quand même ! Va falloir aller jusque là-haut ! Bon ben d’accord….

Ça grimpe donc sec jusqu’ à Aiguines. Son château, son église, son épicerie ouverte le dimanche, ses petits vieux qui me demandent où je vais comme ça et qui ricanent quand je leur dis, et surtout sa vue imprenable sur le lac.

La route se poursuit. Se poursuit au-dessus du village. Ah…. Je n’étais pas arrivé en haut ? Bon ben d’accord….

Je continue mon ascension en m’arrêtant tous les 300 m pour observer le paysage de plus en plus vertigineux. Je n’ai pas encore croisé de voiture, seulement deux cyclistes qui font la descente. Pourquoi me souhaitent-ils bon courage ?

Le lac s’éloigne au fur et à mesure que je monte, et après une petite heure de montée, j’arrive au col d’Illoire (936m) et son belvédère qui offre une vue incroyable sur les gorges du Verdon. C’est magnifique, la montée en valait la peine.

A ma gauche le Verdon tout au fond du canyon, à ma droite, euh… c’est la route que je vois tout la haut ? Il faut encore monter ? Ah ben d’accord…

En tout 9km de montée en un peu plus de deux heures et 800m dénivelé rien que pour cette première montée (il y en a d’autres après, rassurez-vous !). Heureusement qu’il y a des pauses qui font du bien ! Et surtout ces points de vue incroyables sur les gorges. Et chose surprenante, pas une seule voiture. Zéro. Nada. Queue dalle. Je ne m’en plains pas.

Ce qui est bien avec les montées, c’est qu’elles précédent les descentes. Et ça c’est chouette ! Aussi chouette que mon pique-nique au bord de la falaise ( mais ouiiiii, j’ai fait attention !).

Je passe donc la journée à monter et descendre en longeant les gorges du Verdon, en traversant celles de l’Artubi (j’avais failli sauter à l’élastique depuis le pont il y a 35 ans), pour finir sur le plateau qui domine les gorges avec une vue imprenable sur les sommets enneigés des Alpes du Sud.

Une journée de 65 km mais en plus de 5h avec 1600m de dénivelé positif et les derniers kilomètres sous la pluie. J’avoue, j’en avais plein les bottes.

Ce soir je dors dans une maison immense avec 6 chambres rien que pour moi. Une vieille maison de famille dans son jus. Ce sera mieux que sous la flotte qui tombe depuis que je suis rentré.

Demain j’arrive à Grasse pour des retrouvailles avec Florent et mercredi à Nice où je reste 4 jours (sans faire de vélo !) en attendant mon ferry pour Bastia de samedi. Ça va faire du bien…