Ce matin, je reprends la route après 5 jours de pause avec Simon et Noémie. C’est le début du chapitre albanais.

Ce n’est pas que ces 5 jours n’ont pas compté. Au contraire, c’était une très belle bulle à trois. La découverte (en voiture) de paysages très différents : lagunes et marais salants, montagnes et cascades à l’eau limpide (et vraiment fraîche), balade dans Tirana et son architecture contrastée et surtout découverte de la conduite à l’albanaise !

Pour ce dernier point, la règle est simple : il n’y a pas de règle. Ou bien s’il y en a une ce serait « planquez-vous j’arrive » ou « moi d’abord » ou encore « les autres on s’en fout ». Et les panneaux d’interdiction servent juste de suggestions. Ça tend un peu quand on est au volant. A vélo, c’est presque drôle.

C’est un chouette pays à découvrir. Plein de contrastes. Les jeunes branchés au volant de leur Audi côtoient les petites mamies tout de noir vêtues, les trottinettes électriques évitent les voitures hypomobiles remplies de déchets plastiques ou de foin coupé (à la faux), des femmes et leurs enfants font la manche devant les magasins bligbling, eux-mêmes situés entre deux vendeurs de vieux objets récupérés ou de parasols en bambous faits à la main. Sans oublier les vendeurs de pièces détachées d’automobiles, de pneus de toutes les marques et les stations de lavage auto improvisées avec un vieux karsher sous une bâche crasseuse devant lesquels discutent une gardienne de vaches et un berger et son troupeau. Le tout dans une odeur de poubelles entassées, de jasmin, et de chiens errants.

Mais le paysage est incroyable. Des montagnes découpées, infranchissables, du vert partout, du ciel bleu, des lagunes en bord de mer, des plages immenses et désertes , des vestiges romains, des insectes qui bourdonnent….

Et pour ce qui est des infrastructures et de l’architecture, on fait là aussi le grand écart ! Des bâtiments hyper modernes dans Tirana (il y en a même un en forme de visage ! Si si, je vous jure !), des rues défoncées, presque impraticables, des bâtiments en construction un peu partout, de l’eau à peine potable à cause des égouts à ciel ouvert, un élan évident vers la modernité à l’occidentale.

Et puis il y a les gens. Pas facile de créer du lien. La barrière de la langue est un vrai problème. L’albanais n’est vraiment pas transparent et vraiment difficile à prononcer. Mais les jeunes et les commerçants parlent anglais. Et je dois avoir une tête de touristes, systématiquement, les gens s’adressent à moi en anglais ! Et avec un sourire et quelques gestes, on s’en sort toujours. Et les albanais ont l’air vraiment sympas. Il faut dire qu’ils ne sont sortis de la dictature que dans les années 80…. Et de ce que j’ai vu dans le musée à Tirana, ça n’a pas dû être la fête tous les jours pendant 40 ans. Ca explique les contrastes entre les générations, l’architecture maoïste, l’envie de modernité avec ses travers consuméristes et donc capitalistes.

C’était vraiment super de découvrir tout ça avec les deux amoureux. Un très beau cadeau d’anniversaire.

Je reprends donc la route ce matin avec des jambes moins lourdes et le cœur léger. La route vers Elbasan, au sud de Tirana, est un peu pénible pendant 20km (comme chaque fois qu’il faut sortir d’une grande ville) puis elle monte vers le col de Krabbë pendant deux heures. Le paysage est à couper le souffle sur cette route sans voitures . Je suis ravi d’avoir modifié mon itinéraire pour cette route qui longe la crête de ce massif à 800m d’altitude. La descente est un régal aussi.

Un petit camping à 5€ et une pizza au même prix en attendant la journée de demain vers le lac Orhid. La route risque d’être moins sympa, c’est la seule vers la Macédoine du Nord. Il va y avoir de la circulation ! Il suffira de pédaler très vite pour que ça dure moins longtemps ! On verra …

Je vous embrasse