Quand je me réveille ce matin à Delphes, c’est le 105eme jour, il est 4h30, il fait déjà 21 degrés et je suis à 497 m d’altitude. Des chiffres qui paraissent peut-être anodins, quoi que …

Je sais que pour me rendre aux Météores, il faut passer le massif montagneux auquel est adossé Delphes. Je pensais le contourner, mais il n’y a pas de route, seulement une autoroute. Il faut donc que je remonte les 10km descendus en arrivant puis monter encore. Ça fait un peu peur tout ce dénivelé…. Pas grave, je m’arrêterai dès que ce sera trop dur. Je ne me suis pas mis d’objectif pour la journée.

Le plus difficile avec les montées, ça se passe la veille. Quand je vois le D+ qui s’affiche sur l’appli, quand apparaissent les ratournettes. Si en plus il n’est pas sûr que tout le parcours soit bitumé et que le gps risque de prendre des chemins de cailloux : je panique.

Il y a aussi ce moment où la route est face à moi et que pour la voir il me faut lever la tête. Pas lever les yeux, non, lever la tête et apercevoir alors la route plusieurs centaines de mètres plus haut en me disant « euh…. Vraiment ? C’est là-bas que je vais ? », ou encore apercevoir tout là-haut la voiture qui m’a doublé il y a plus de 10 minutes. Ça, vraiment, c’est inquiétant.

Il y a aussi ce moment où la route est face à moi et que pour la voir il me faut lever la tête. Pas lever les yeux, non, lever la tête et apercevoir alors la route plusieurs centaines de mètres plus haut en me disant « euh…. Vraiment ? C’est là-bas que je vais ? », ou encore apercevoir tout là-haut la voiture qui m’a doublé il y a plus de 10 minutes. Ça, vraiment, c’est inquiétant.

Et puis finalement, un coup de pédale à la fois, sans me mettre dans le rouge, en acceptant d’avancer à la vitesse d’un randonneur octagenaire asthmatique, virage après virage, je me rends compte que j’étais là-bas tout en bas il n’y a pas si longtemps, que le col qui paraissait inaccessible est de moins en moins loin et que finalement je suis au pied des éoliennes alignées sur les crêtes. Et là, ça fait du bien ! Comme en plus tout ceci s’accompagne d’un paysage à couper le souffle, parfois avec un lever de soleil, ça devient alors un instant magique. Et c’est comme ça depuis plus de trois mois, et c’est génial.

C’est donc dans cet état d’esprit que j’aborde la journée. D’abord la remontée jusqu’ au village traversé il y a deux jours puis bifurcation vers le nord pour atteindre le plateau. La route est accrochée à flanc de montagne. J’apercois Delphes tout en dessous de moi et plus bas encore la mer. Et quand j’arrive au sommet, je ne m’attends pas à entrer sur un plateau digne des décors d’Heidi ou de Sissi Impératrice. Des prairies , des hameaux de chalets et surtout au fond du paysage des montagnes. De grosses montagnes ! 

C’est le massif du Mont Parnasse. Plus de 2500m d’altitude. On comprend pourquoi cette montagne était celle des 9 muses et d’Apollon. Ça en jette ! Je trouvais incongru d’avoir trouvé à Delphes des loueurs de ski, mais là, je comprends mieux…. 

Il m’a fallu 2h pour faire les 12km de montée, encore une pour traverser le plateau. Allez courage ! Je viens de changer d’avis pour la quatrième fois au sujet de ma destination, mais c’est décidé, je monte encore.

Je grimpe donc non stop encore deux heures. Une route de montagne, avec ses virages, ses sapins, ses rochers, mais pas voiture, du vent et surtout un peu de fraîcheur. Et au moment d’atteindre le passage du sommet…. Wahouhhh ! Le Mont Parnasse est impressionnant ! Majestueux!

Je profite de l’endroit pour pique-niquer, faire une sieste et fêter cette ascension jusqu’ à 1800m d’altitude (en seulement 36km, d’où la nécessité la sieste !).

Et ce qui est merveilleux avec les montées, c’est qu’elles sont toujours suivies par…. une descente ! Youpi ! Et celle-ci va durer 20km !

Il faut que je me décide de l’endroit où je vais m’arrêter. La mer est à 60km. Il y a un camping, il faut compter 20km de descente, puis 10km de montée et 20km de descente pour finir. Allez, go, c’est parti pour la mer ce soir ! Ça paraît dingue de dire ça au pied des télésièges à près de 2000m d’altitude.

20km de descente donc. Le kiff ! Ça ne dure qu’une grosse demi-heure, mais quand même ! Du spectacle à chaque virage le cheveu (le seul) au vent. Des petites pointes de vitesse aussi pour l’adrénaline. 

En bas de la descente, le choc thermique est impressionnant, il fait jusqu’à 38 degrés. La chaleur est écrasante. Je ne sais plus si c’était une bonne idée de vouloir atteindre la mer ce soir. Surtout qu’il faut me retaper 600m de D+ pour franchir les collines qui m’en séparent.

Une heure et demi d’effort et de sueur avec des pauses à chaque point d’eau dans les villages, puis une heure de descente en pente douce vers la mer et me voilà arrivé au camping en bord de plage. Je suis rincé par cette longue journée (je suis quand même prêt à faire trois tours de camping pour arriver à 100km avec 1974m de D+, mais non…) mais quel émerveillement et qu’elle satisfaction. Je vais vite me coucher. Il va être difficile de me réveiller cette nuit!

Demain matin je traverse la plaine des Thermopyles (celle de Léonidas) dont l’altitude moyenne est à 35m. Ça risque d’être différent d’aujourd’hui. Certainement un peu chiant….

Je vous raconterai, en attendant, je vous embrasse.