Une panne mécanique, ça ne fait jamais plaisir. Surtout au milieu de la cambrousse. Surtout dans un pays où tu ne parles pas la langue. Encore plus avec un vélo qui pèse 40kg.
Alors quand, après ma pause du midi à Giovanna où j’avais passé l’orage juste au moment où je m’étais installé dans un petit bistrot sympa, je n’arrive plus à passer mes vitesses, je me dis que la chance vient de tourner .
Mais la chance n’a rien à voir là-dedans. C’est comme à Klank, il faut que les bonnes cartes arrivent au moment où c’est ton tour de jouer ou à Pikomino quand il te manque juste un petit ver pour piquer le 32 de ton adversaire (vous ne connaissez ni Klank, ni Pikomino ? Filez vite chez votre marchand de jeux préféré !) : il faut du talent ! Du savoir faire, du professionnalisme, de l’intuition, du charisme,…. Et là, pour le coup, j’ai sorti le grand jeu !
Casser son cable de dérailleur, par définition empêche de changer les vitesses. Dans ce cas, la chaîne se met sur le petit pignon (le dur) et basta. Il faut appuyer comme un sourd pour avancer. Impossible d’espérer monter la moindre côte pour atteindre la prochaine ville située à 15km du lieu de la panne. Leçon n°1 : on casse son dérailleur quand les 15km sont globalement en descente. Bon ben d’accord. Première condition remplie !
Compliqué tout de même pour les quelques portions non descendantes. Il faut trouver un moyen de maintenir la chaîne sur un pignon moyen. Mais pour le coup, je n’ai pas d’idée. Leçon n°2 : avoir des potes qui s’y connaissent et qui vont avoir une idée de génie. Nathan fait semblant de bosser et n’est pas joignable. Par chance, Philippe est dispo et vient de voir une vidéo pour ce genre de situation. La classe ! En plus ça marche !
15km plus loin j’arrive à Burgio. Le problème est de trouver un réparateur de vélo et de lui expliquer ce qui m’arrive. La traduction de Google me semble douteuse. Leçon n°3 : avoir parmi ses potes un prof d’italien, ou mieux, avoir passé deux jours chez un italien qui fait du vélo et qui parle français. Coup de chance, Salvatore est là.
Dans le village, je tombe sur un groupe de gars qui traînent et font beaucoup de bruit. Ils m’envoient vers un réparateur de pneus. J’ai un doute. Fermé de toute façon. Puis au bistrot d’après, je vois une demi douzaine d’ados en train de siroter leur coca à cheval sur leurs scooters et motos de cross. Avec un peu de chance…. Leçon n°4 : tomber sur des gars dont une de leurs copines a ses grands-parents qui tiennent une quincaillerie. Si ça se trouve….
Trop sympas, deux des gars (les deux seuls qui sont apparemment capables d’aligner trois mots en anglais) m’emmènent avec leur pétoire qui fait un boucan d’enfer jusqu’ au magasin. Fermé ça n’ouvre qu’à 16h. Pas de chance ! Ah ben non ! C’est la leçon n°5 ; s’arranger pour que toutes ces péripéties vous amènent à 15h55.
Les propriétaires du magasin ouvrent donc leur boutique. Deux petits vieux de presque 80 ans qui vendent de tout. Des tuyaux, des crochets, des vis, du fil électrique et…. des câbles de dérailleur ! Ils n’ont que deux modèles. Règle n°6 : avoir un vélo dont les câbles de dérailleurs correspondent parfaitement en longueur et diamètre de butée à celui que la dame possède ! Ah ben j’ai le bon vélo alors !
Je suis contrarié, le câble est 10cm plus petit que celui d’origine. Il ne ressort pas de la gaine. J’ai peur d’avoir dépensé deux euros pour rien et de devoir aller jusqu’ à la prochaine ville avec une seule vitesse. Ce qui nous amène à la leçon n°7 : avoir 10 cm de gaine superflue que l’on peut couper pour l’adapter au câble nouvellement acheté.
Le câble est installé, les vitesses passent de nouveau, j’ai des nouveaux potes italiens qui sont restés avec moi pendant toute l’heure qu’a duré cette histoire. Je peux reprendre la route sans cambouis sur les mains (la dame m’a emmené dans sa salle de bain pour que je me décrasse). Je suis même invité aux festivités de Pâques dans trois jours si je veux.
Et pour vous dire à quel point je me sens bien dans ce voyage, à aucun moment je ne me suis senti stressé ou inquiet de ce qui allait se passer. Je me découvre zen…
Mais je dois bien admettre que j’ai vraiment le cul bordé de nouilles !
Le cul bordé de nouilles, jolie expression et même pas une contrepèterie !!!forza Luc !
Bises
La chance se présente à ceux qui l’attirent grâce à leur gentillesse, leur zenatitude, leur empathie, leur façon de toujours voir le positif donc elle se présente à toi !!!
Instant » développement personnel »
Bisous
Oh merde alors ! Heu, je voulais dire quelle chance de ne pas avoir prévu un câble de rechange de 10 g, sinon aucun intérêt de partir à l’aventure.
Et si jamais tu passes à côté d’un Decathlon, achète un paquet de nouilles, ça pourra toujours servir 😊
Bisous Luc, le petit point rouge peut repartir 😘
Bravo pour la réparation, tu m’étonneras toujours. Par contre je ne serai pas étonné que tu aies acheter un câble supplémentaire, voire deux, dont un pour l’avant parce qu’il doit être lui aussi fatigué.
T’es en Italie, Luc. Ton cul ne peut être bordé que de nouilles, mais dans la langue autochtone, de LA PASTA !!!
Alors, prochaine fois, va te prendre « IL CAFE AL BAR », ça va te stresser un chouïa !
Encore merci pour le partage.